La Vie Diplomatique : Est-il plus difficile de retrouver l’amour après 50 ans ?

Annemieke Dubois : Oui c’est un défi mais ce n’est pas impossible. Les cinquantenaires ont souvent une meilleure connaissance d’eux-mêmes et de ce qu’ils recherchent chez un.e partenaire. Ce qui est un avantage, mais cela peut aussi restreindre les options. De plus, les attentes peuvent être différentes : une personne de 50 ans cherche souvent une relation fondée sur la stabilité, la confiance et le soutien mutuel, plutôt que sur la passion intense. Cependant, les plateformes de rencontres traditionnelles ne sont pas toujours adaptées à cette tranche d’âge, ce qui rend la recherche plus difficile. Chez Jade & Jules, nous comprenons ces spécificités et travaillons pour connecter des individus
qui partagent ces valeurs et aspirations.
Sigrid Schelstraete : Oui car, au cours de notre vie, on remplit notre sac à dos de nos expériences positives et négatives. On sait mieux de ce qu’on aime et surtout ce qu’on n’aime pas. Parfois la liste de critères est longue et irréaliste. J’ai constaté que les femmes sont souvent plus exigeantes que les hommes. Très souvent, elles ont géré seules la famille tout en travaillant et lorsqu’elles ont digéré leur divorce et retrouvé une vie équilibrée comme « happy single », elles ne souhaitent pas faire
entrer un homme dans leur vie s’il ne correspond pas à 90-100% à leurs
critères.

V.D. Il existe aussi un déséquilibre démographique. Il y a plus de femmes célibataires que d’hommes ?

A.D. : Les chiffres de Statbel montrent un déséquilibre significatif entre le nombre de femmes et d’hommes célibataires, surtout après 50 ans. Cela crée une dynamique complexe sur le marché des rencontres. C’est pourquoi notre approche chez Jade & Jules est très personnali-
sée. Nous ne nous contentons pas de présenter des profils, mais nous travaillons en profondeur pour comprendre les désirs et les besoins de chacun, afin de créer des connexions authentiques et durables.

 

V.D. -Certains disent qu’il faut multiplier les rencontres ? Qu’en pensez-vous ?

S.S. : Je crois qu’il est difficile de combiner trop de rencontres : cela demande beaucoup de temps et d’énergie (physique, mais aussi émotionnelle). On a alors tendance à ne pas se donner à 100% si on garde quelqu’un « au frigo ». En revanche, il faut se donner l’occasion de rencontrer des personnes, donc sortir de chez soi et organiser des loisires ou des vacances qui permettent de voir de nouvelles personnes.

A.D. : Multiplier les rencontres peut sembler une bonne stratégie pour augmenter ses chances de trouver la bonne personne, mais cela comporte aussi des inconvénients. Cela peut alléger la pression que l’on ressent souvent en se demandant si la personne que l’on rencontre est «la bonne». Cette approche peut aussi aider à affiner ses critères. Cependant, cela peut aussi entraîner un effet inverse : la «keuzestress» (stress lié à l’excès de choix). Lorsqu’on est confronté à trop d’options, on peut se retrouver dans un état de paralysie, incapable de s’engager. Il s’agit de trouver un équilibre. Multiplier les rencontres peut être utile pour clarifier ses attentes, mais il est tout aussi crucial de savoir s’arrêter et de s’engager lorsque l’on sent qu’une connexion authentique est présente. La quête de la perfection peut être une illusion qui nous empêche de voir la valeur des personnes qui nous entourent. Le courage de choisir et de s’engager dans une relation, même imparfaite, est la clé d’une vie
amoureuse épanouie.

 

V.D. : Comment expliquez-vous le ras-le bol actuel des applis comme Tinder ou autre ?

 

A.D. et S.S. : Tout d’abord, ces applications sont conçues pour maintenir les utilisateurs engagés plutôt que pour les aider à trouver l’amour véritable. Comme l’a démontré Elisabeth Timmermans dans son livre Liefde in tijden van Tinder, ces plateformes ont intérêt à ce que les utili-
sateurs ne trouvent pas de partenaire stable car cela génère une perte de revenus potentiels. Les algorithmes sont donc conçus pour favoriser des rencontres rapides et superficielles plutôt que des relations durables. En conséquence, les utilisateurs se retrouvent souvent pris dans un cycle incessant de «swipe» sans jamais parvenir à établir des connexions profondes. Cela mène à une frustration croissante. En outre, le nombre écrasant d’options disponibles peut provoquer ce qu’on appelle la «pa-
ralysie du choix». Cela nourrit un sentiment d’insatisfaction permanente, car l’utilisateur est constamment à la recherche de la «meilleure» option, sans jamais se contenter de ce qu’il a trouvé. Enfin, les expériences négatives telles que le «ghosting», le «catfishing», ou encore les profils
trompeurs y sont monnaie courante et peuvent mener à un «burn-out» de la rencontre en ligne, où l’utilisateur perd toute motivation à continuer ses recherches. Pour ceux qui souhaitent une relation durable, il peut être utile de prendre une pause des applis et de réévaluer leur approche des rencontres. Et n’oubliez pas que les rencontres en ligne ne sont qu’un outil parmi d’autres : rencontrer des gens dans la vie réelle reste irremplaçable pour établir des connexions authentiques.

 

V.D. : Quel est le mode de fonctionnement de Jade & June ? Les hommes payent mais pas les femmes ?

A.D. : Auparavant, je travaillais de la manière suivante : les hommes s’inscrivaient, les femmes également, et tous payaient les mêmes frais. Très souvent, il y avait beaucoup plus de femmes célibataires que d’hommes, ce qui signifiait que nous devions décevoir de nombreuses femmes faute de correspondances adéquates. Aujourd’hui, nous avons ajusté notre approche pour mieux répondre à cette réalité. Chez Jade & Jules, nous nous concentrons sur l’accompagnement des hommes célibataires dans leur recherche de la femme idéale, car des femmes célibataires, il y en a en abondance. Nous travaillons désormais comme des chasseurs de têtes, ou plutôt des chasseurs d’amour, en nous spécialisant dans la recherche active de la partenaire idéale pour nos clients masculins. Notre taux de réussite est particulièrement élevé chez les hommes de plus de 50 ans, car il y a un large choix de partenaires potentielles. Nous observons également un grand succès chez les per- sonnes qui sont dans une phase de vie où le désir d’avoir des enfants est présent. Ces clients ont souvent moins de blessures émotionnelles, sont plus flexibles et n’ont pas encore de responsabilités familiales, ce qui facilite la recherche de la personne idéale.

 

V.D. : Racontez-nous la plus belle rencontre de Jade&Jule ?

A.D. : C’est l’histoire de Sophie et Jan. Sophie, la cinquantaine, vit à Bruxelles. Issue du monde diplomatique, elle a consacré sa vie à la culture, à l’art et à l’architecture, voyageant aux quatre coins du globe. Lorsqu’elle fait appel à Jade & Jules, elle exprime ses critères et désirs. Notre job consiste à écouter nos clients mais aussi à percevoir ce qu’ils ne disent pas. C’est ainsi que nous avons présenté Sophie à Jan, un Néerlandais d’une simplicité désarmante, habitant en Flandre orientale. La cinquantaine, Jan est tout le contraire de Sophie. Entrepreneur à succès, il voyage fréquemment pour superviser ses entreprises à travers le monde. Cependant, malgré son emploi du temps chargé, il aime se ressourcer dans la nature. Chaque jour, il se rend dans les bois ou les champs environnants pour se vider l’esprit, n’hésitant pas à enfiler ses bottes pour une longue marche en pleine nature. Ce rituel quotidien est pour lui une manière de rester ancré, de se reconnecter à l’essentiel. À première vue, tout semble les opposer. Et pourtant, en tant que matchmakers, nous avons senti qu’il y avait quelque chose de précieux à explorer dans cette rencontre. Au fil des rencontres, une alchimie inattendue s’est créée entre eux. Sophie a découvert la beauté des choses simples : un lever de soleil sur un champ de blé, le chant des oiseaux au petit matin, la satisfaction d’un repas préparé avec des produits frais du jardin. Jan, de son côté, s’est laissé envoûter par l’élégance et la culture de Sophie. Il l’a accompagné dans les musées, apprenant à apprécier l’art à travers son regard passionné. Ensemble, ils ont appris à apprécier le monde de l’autre, à combler leurs différences par une curiosité mutuelle et un respect profond. Cette histoire nous rappelle que l’amour peut se cacher là où on l’attend le moins. Sophie et Jan n’auraient probablement jamais croisé leurs chemins sans l’intervention de Jade & Jules, mais aujourd’hui, ils sont la preuve vivante que les opposés peuvent non seulement s’attirer, mais aussi s’enrichir mutuellement.