Quelle est la chaise de votre vie? «Cette chaise en cuir
parce que, comme moi, elle a beaucoup vécu. Pour moi, la beauté
réside dans la vulnérabilité et l’imperfection. Je suis fière de la patine
de la vie et des coups de griffe que porte mon âme. J’ai acheté
cette chaise il y a trois ans chez WoonTheater, à Anvers. Je venais de
déménager après 24 ans de vie de couple heureuse. Nous sommes
restés amis, mais cette chaise symbolise ma nouvelle vie: elle est
synonyme d’authenticité, de chute, de renaissance, de résilience et
d’affirmation de soi.»

Qui aurait sa place au dîner de vos rêves? «Esther Perel.
Fille de deux survivants de l’Holocauste, elle a grandi à Anvers. Au
lieu d’être la victime de ce lourd passé, elle y a puisé résilience et
autonomie. En tant que thérapeute de couple, elle brise les tabous
dans les relations. Elle affirme que l’érotisme est un antidote à la
mort. Dans son livre sur l’intelligence érotique, elle explique où
trouver la passion pour entretenir une relation. Elle écrit sur la tension
entre sécurité et amour, sur notre besoin de liberté et d’aventure
dans le cadre d’une relation. Elle pense que nous exigeons
trop de notre partenaire: amour, passion, amitié, sécurité -et tout
cela, pendant 80 ans! Nos attentes sont trop élevées. Au cours du
dîner de mes rêves avec Esther, j’aimerais parler de la liberté et de
l’engagement au sein des relations, mais je voudrais aussi chercher
à savoir qui est la vraie Esther Perel.»

Qu’est-ce qui vous cloue à votre chaise? «Les
histoires des gens. Même si elles sont souvent difficiles,
je suis toujours reconnaissante quand les gens se
confient. J’ai tellement d’empathie que je dois parfois
me protéger. Ma meilleure amie, avec qui je marche
10 kilomètres trois fois par semaine, est enseignante.
Ses récits sur les réfugiés qui sont dans sa classe me
permettent de garder les pieds sur terre. Je dis parfois
à ma fille: si nous vivions en Syrie, nous serions aussi
dans un de ces bateaux.»

Restez-vous facilement assise? «Pendant 44
ans, j’ai été très impatiente. J’ai eu une éducation catholique,
mais rester assise pendant la messe était un
enfer. En humanités, on m’a mise à la porte plusieurs
fois parce que j’étais trop agitée en classe. Il n’y a
vraiment que deux endroits où je déconnecte complètement:
dans mon bain et dans la nature.»

Sur quelle chaise auriez-vous aimé vous asseoir?
«Sur celle de Louis Theroux, Lieve Blancquaert,
Rudi Vranckx ou Martin Heylen, des réalisateurs qui
font des reportages poignants, anticonformistes et humains.
Ce sont des outsiders, capables d’analyser une
histoire de manière empathique, sans juger.» ◆